On a fait beaucoup de bruit autour du retour de la famille de Savoie en Italie. Exilés pendant plus de 50 ans pour avoir sympathisé avec le Duce, les pauvres. Nombreux sont ceux qui les ont plaint. Mais il est une histoire bien plus tragique. Un exil traumatisant, une souffrance poignante qui est malheureusement ignorée du grand public. Je veux parler de l'histoire de Leka Ier, prince d'Albanie.
Pour mieux restituer cette tragédie, un peu d'histoire s'impose. Son père se nommait Ahmed Zogolli, premier ministre albanais en 1922, qui, grâce à une insurrection armée, prend le pouvoir en 1924 et, dans la foulée, proclame la République dont il devient président. En 1928, Zogolli le républicain se proclame Zog Ier, roi des Albanais.
Leka d'école, quant à lui, naît en 1939 et à l'âge de "2 jours" (on trouve une amusante biographie sur internet, faite par ses partisans) il doit quitter son pays envahi par les troupes italiennes. Le périple du monarque commence alors. De l'Espagne franquiste à l'Afrique du Sud de l'apartheid, il connait de nombreux pays sauf le sien, exerçant notamment la noble profession de trafiquant d'armes. Il sera d'ailleurs jugé pour ça. Ses cyberhagiographes nous apprennent également que Leka de conscience a visité de nombreux "théatres d'opération" (Vietnam, Mozambique, Angola) pour s'accoutumer aux méthodes de la guérilla. Son objectif étant la reconquête du trône, par la force s'il le faut. C'est donc le 20 novembre 1993 qu'il atterri à l'aéroport de Tirana, aussitôt expulsé par les autorités. Motifs: il voyage sous une fausse identité et avec un passeport portant la mention "Royaume d'Albanie". Vieux farceur!
Quatre ans plus tard, il revient dans son pays, en toute légalité. Il réclame un référendum sur le retour à la monarchie. Le président, le premier ministre et le parlement, qui visiblement s'ennuyaient ferme, acceptent. Résultat: 33% de "oui". Leka de le dire retourne alors à Johannesburg d'où il explique que le référendum a été truqué. Selon lui, les Albanais "se sont lancé dans la démocratie, mais ils en attendaient beaucoup trop, sans savoir vraiment ce que c'était...". Il est clair que quand on a connu Franco et l'apartheid, la démocratie ça veut dire quelque chose.
Je n'ai pas trouvé de nouvelles plus récentes de Leka le facétieux. Il semblerait toutefois que ses propositions avaient quelque chose de sensé. En effet, pour ne pas trop peser sur le budget, il voulait faire à la fois roi et bouffon...